Dans le cadre d'un projet d'échange pédagogique avec un lycée de Picardie, proche du théâtre des batailles de la Somme, les élèves de Terminale 5 ont proposé une restitution de leurs travaux ce lundi 18 octobre au matin.
Le projet s'articule autour d'un dialogue à distance avec des élèves d'un lycée de France autour des mémoires conjointes de la France et de l'Algérie ; à travers la Première Guerre mondiale et la Guerre d'Algérie. La Somme et Alger portent encore les traces de cette mémoire vive et il nous semblait intéressant de faire dialoguer des élèves qui étudient dans des lieux chargés de mémoire.
Pour démarrer le projet, la classe de Terminale 5 de M. BOILLOT devait, à partir du site Mémoire des hommes, retracer le parcours d'un soldat algérien mort à Albert. Un seul soldat correspondant à ces critères a été recensé sur le site : il s'agit de Ben Ahmed Belkacem MOHAMED LARBI, né à Khenchela dans les Aurès en 1884, appartenant au 1er régiment de Spahis algériens (RSA) et porté disparu le 25 septembre 1914, soit au tout début du conflit.
Les élèves avaient pour objectif de croiser les informations de la fiche du soldat avec le journal de régiment du 1er RSA de l'Armée d'Afrique, disponible également sur le site. C'est à ce moment que chacun a pu mesurer les écueils auxquels doit faire face l'historien quand il se trouve face à des documents d'archive. Un groupe s'est focalisé sur la liste des disparus et n'a pas trouvé mention du soldat MOHAMED LARBI dans le journal et a donc hésité à poursuivre son enquête(historia, en grec) pensant faire fausse route. Un élève, pourtant, a fait remarqué qu'une mention « Ben Ahmed » était lisible et il a précisé à juste titre que les rédactions des journaux de régiments pouvaient parfois être incomplets ou inexacts. Il ajoute que le journal mentionnait une escarmouche dans la région d'Albert en date du 23 septembre, et que le temps que le corps militaire fasse le recensement des survivants, nous pouvons comprendre la mention de la date du 25 septembre qui officialise la disparition de notre soldat.
Nous nous sommes ensuites interrogés sur la notion de « disparu ». Désertion ? Peu probable, un spahi algérien ne passe pas inaperçu dans la Somme et il aurait rapidement été repéré.
Eclat d'obus ou d'artillerie lourde ? Cela expliquerait que le corps n'ait pas été identifié.
A travers ces recherches et ces questions en suspens, les élèves ont ainsi pu toucher du doigt la réalité du métier d'historien, fait de doute et de petit pas pour comprendre les destins de ceux qui nous ont précédé. Un exercice qui, espère le professeur, sera formateur pour chacun d'eux.
T. BOILLOT
Histoire – Géographie, Terminales 5