Retour sur l'année de Terminale 2020.
Racim SMAHI 1.3
Nous l’attendons tous n’est-ce pas ? Cette année qui est la dernière avant le Grand changement. Un changement qui est, pour la plupart, le plus important de notre vie. Au terme de cette année, nous pensons tous nous élancer à la conquête du monde et de la liberté ! Mais ce qu’on oublie très souvent, c’est que le changement n’est pas facile. Année de bouleversements, année de réussite, année d’échec parfois… Dernière ligne droite aussi ! On l’appelle beaucoup moins l’année des dernières fois. Néanmoins, lorsqu’on demande aux terminales, à ces doyens du lycée, à celles et ceux qui confronteront ce changement, bizarrement on constate que les regards ont tendance à être tournés vers l’arrière plutôt que vers l’avant. Est-ce dû à une certaine nostalgie ? Je vous propose cette poignée de textes qu’ont écrits des camarades quant à cela. Puissent-ils vous éclairer sur cette année si particulière, sur cette année unique…
Elsa Trumel Terminale L
Le cœur lourd dès qu’on me demandait ce que je voulais faire l’année prochaine, et la gorge serrée quand on faisait des tours de classe pour se poser la question, c’était ça mon premier ressenti en tant que terminale. J’ai ressenti une grande pression tout au long de l’année.
Chaque note comptait, je n’étais pratiquement jamais sereine, je sentais déjà le bac comme un vautour qui me tournait autour. Toutes les questions, Parcoursup, les présentations des différentes formations, le bac de sport, le bac blanc… Et pourtant il fallait profiter de chaque instant car je savais que le lycée allait me manquer après tout ça. Les pauses à midi sous le soleil, les sorties entre amis après les cours, la bonne ambiance pendant les cours…
Je pense que cette pression toujours présente par rapport à l’année à venir, nous a rapproché encore plus qu’avant, parce qu’on avait tous à peu près les mêmes doutes et les mêmes inquiétudes. On cherchait tous à se projeter vers l’avenir. C’est grâce à ces liens qui se sont renforcés que je n’oublierai jamais mon année de terminale. Et d’ailleurs, encore moins avec le confinement qui nous est tombé dessus… Plus de bac, plus de cent jours avant le bac, plus de remise de diplôme, plus de bal.
Pourtant, ce vide que le confinement a laissé m’a permis de mieux réfléchir sur ce qui m’attendait. J’avais des tas de questions. Quelle formation choisir ? Dans quelle ville j’irai ?
Tout serait nouveau, absolument tout.
Mais maintenant que mes questions ont plus ou moins obtenu des réponses, je me rends compte qu’en réalité c’est ça qui était excitant, c’est cet inconnu qui donne le sentiment de liberté et d’indépendance qui est si proche. Je suis en partie nerveuse et impatiente. Et malgré le fait que l’année ait eu ses côtés négatifs, j’ai énormément apprécié tous les moments que j’ai passés. Car c’est l’exaltation que je retiens le plus dans tout cela. C’est elle qui a fait de la terminale une année si importante et inoubliable.
Camille Allaire Terminale ES
Cela fait maintenant plus de deux mois que le lycée a fermé ses portes et, inachevé, tel est le terme que j’emploierais pour qualifier cette année de terminale. Au-delà d’être la période du bac, les derniers mois de l’année scolaire sont rythmés par plusieurs événements qui nous permettent d’ouvrir sereinement une nouvelle page de notre vie : les études supérieures.
En effet, cette année se termine sans la fameuse célébration des 100 jours avant le bac, du bal de promotion ou encore de la remise des diplômes. Cela me touche particulièrement en étant membre du CVL ainsi que déléguée de classe car notre année fut rythmée par toutes les réunions pour l’organisation de ces événements.
Certes nous sommes la seule promotion à avoir été exempté des épreuves du baccalauréat, et nous sommes loin d’être à plaindre, cependant il n’y a plus ce « challenge » et ce stress car tout est acquis. Je me souviens encore parfaitement des mots prononcés par le proviseur lors de ma rentrée au collège. Il nous rappelait à quel point les années qui allaient suivre étaient déterminantes et préparaient petit à petit la finalité : le bac.
Ainsi toute notre vie nous nous souviendrons de cette année particulière, inaccomplie.
Nour Berrah Terminale ES
Ce jour-là tu te prépares, t’essayes d’avoir du style, t’essayes de cacher tes cernes parce que ça fait plus d’un mois que t’es sur un autre fuseau horaire. T’as un peu d’avance, tu te dis c’est bon j’ai le temps, en plus faudrait pas que j’arrive en premier. Faut se faire attendre dans la vie. Et tu t’oublies. Le temps passe tu ne t’en rends même pas compte, tu ne peux pas t’en rendre compte. Tu t’es endormi. Bouge on va être en retard ! Tu te réveilles en sursaut. A la bourre, vraiment à la bourre. Rapidement tu prends ton sac, sors, claque la porte. Ca fait douze fois que ce scénario se répète, j’avoue, avec certaines variantes. Douze années que la première semaine de septembre est riche en émotion. Des pleurs, des rires, de l’anxiété, de l’auto-rassurance, de la peur, de la joie, de l’appréhension, de l’enthousiasme, des jugements, des blagues, des râlements. Un défi. A ce moment-là, quand tu fais ta rentrée, tu te sens bizarre, positif, négatif, adrénaline ou pas, ce qui est sûr c’est qu’on ne peut pas dire que tu sois apaisé. Enfin quand faut y aller faut y aller. Tu sors ton plus beau sourire, une démarche assurée, tu traverses les portes du lycée. Tu rigoles, t’embrasses tout le monde, ce monde que t’as pas vu depuis deux mois, à qui t’avais pas parlé, à qui peut-être t’avais pensé quelques fois. Tu es enlaces même certains. « Venez on prend une photo, c’est la dernière celle-là ! » Dernière ? Je ne comprends pas tout de suite. Ah oui, la douzième. La terminale. Je vis ma dernière rentrée. Trop excitant. Enfin, je ne l’avais même pas réalisé.
Sikumi Meyers
Cette fin de lycée est insolite et un peu désolante, mais présente pour moi des avantages indéniables.
En effet les cours à distance et le bac en contrôle continu m'ont permis de me concentrer sur la préparation de mon futur plutôt qu'à la préparation d'un examen. Je me suis consacrée à des procédures administratives, trouver une mutuelle, ouvrir un compte en banque, gérer un budget, son temps… bref à des activités "d'adultes".
Cependant mon plus grand regret c'est l'annulation de la remise des diplômes et de ne pas pouvoir dire un dernier au revoir et merci en personne à tous mes professeurs.
J'ai passé 7 ans au LIAD, enfin j'y ai grandi quoi ! C'est alors avec la boule au ventre mais aussi soulagée que je quitte le lycée pour partir vers "d'autres cieux". Thanks for the memories.
Rym Bahbou terminale S 3
Dans moins d’un mois, si tout se passe bien, c’est le début de la fin de ma vie d’adolescente. Désormais bachelière, je mets un pied dans le supérieur, et l’autre dans la vie d’adulte, ou du moins, pré-adulte. Pour une jeune fille qui a toujours eu la chance d’être couvée – voir surprotégée – par ses parents, l’idée de changer radicalement de vie m’effraie et m’attrait à la fois. En effet, passer du côté sud de la méditerranée au côté nord signifie d’une part, quitter ma famille, ma vie à Alger, mais également me construire un nouveau monde, de nouvelles habitudes, de nouveaux repères à Paris. Je vois mon départ comme une sorte de saut de l’ange. Je me dirige vers l’inconnu, quittant délibérément le pays qui m’a vu grandir, en espérant y revenir dans quelques années afin d’endiguer son développement tout comme il le fait pour moi depuis près de 18 ans bientôt.
Pour être tout à fait honnête, ce que j’appréhende le plus à la suite de ce déménagement est ma réaction à l’éloignement familial. D’autre part, j’ai toujours été une personne plutôt mature pour mon âge. Néanmoins, les responsabilités administratives, financières et autres problèmes d’adultes me semblent être une épreuve des plus corsées. J’espère sincèrement être à la hauteur des attentes de tous, mais aussi des miennes…