Présidentielle 2022: vers quels horizons ?
Un des événements encore plus attendu que les fêtes de fin d’année : l'élection présidentielle de 2022, dont le premier tour se déroulera le 10 avril prochain. Campagnes présidentielles des différents candidats amorcées, multiplication des meetings, et pluie de sondages en tout genre, et ce avant même le lancement officiel pour certains. Le paysage politique qui s’offre aux Français se dessine peu à peu, les camps se forment, les stratégies s’alignent, mais à la fin, il n’en restera qu’un (ou qu’une si l’on en croit les sondages). Pour mieux comprendre ce théâtre politique, mieux vaut le passer en revue selon le clivage traditionnel droite / gauche, à quelques nuances près.
A gauche la situation est critique : beaucoup de candidats, mais seulement 25% des intentions de vote. De Jean-Luc Mélenchon de La France Insoumise à Yannick Jadot, d’Europe Ecologie les Verts en passant par Anne Hidalgo du Parti Socialiste, les sondages ne prévoient aucun d’entre eux au second tour. C’est probablement dû à leur clivage qui ne cesse de s’accentuer malgré la proposition de l’actuelle maire de Paris et candidate depuis novembre Mme Hidalgo, d’organiser une primaire de la gauche et de réunir ainsi les partis derrière une seule et même candidature. Mais la proposition n’a pas suscité l’engouement souhaité puisque la candidate socialiste est la seule à y être favorable. Elle recueille très peu de soutien de la part des autres. Tous, ou presque, ont décliné son offre, la désignant comme une ultime tentative pour elle de se maintenir dans la course malgré une campagne qui bat de l’aile avec 3% des intentions de vote seulement.
Un autre indicateur de l'affaiblissement de la gauche serait la mise en scène qualifiée d’inédite d’Arnaud Montebourg qui contacte chacun des 5 candidats majeurs de gauche dans son répertoire pour leur laisser un message sur leurs répondeurs, tout en se filmant, comme un appel à l’unité à la manière d’Hidalgo. Face à l'impasse dans laquelle se trouvent des candidats qui n’arrivent pas à parvenir à un terrain d’entente, Christiane Taubira, ancienne ministre de la justice sous François Hollande, apparaît comme un ultime espoir à l’union de cette gauche plus que jamais divisée. « J’envisage d’être candidate à l’élection présidentielle de la République française (mais) je ne serai pas une candidate de plus, je mettrai toutes mes forces dans les dernières chances de l’union », a-t-elle déclaré, vendredi 17 décembre, dans un message publié sur les réseaux sociaux. Même si l’ancienne ministre n’a pas officiellement déclaré sa candidature,elle se présente comme le ‘trait d’union’ de la gauche, et n'hésite pas à multiplier les visites de pré-campagne à Saint-Denis, Vierzon ou encore à Cergy.
Si d’un côté de la scène politique on tente toujours de trouver un équilibre, c’est forcément l’autre côté qui en profite. Tentons d’y voir plus clair à travers la conception de la droite qui a vu le jour avec l’historien René Rémond dans son œuvre Les droites en France. Divisée en trois familles (Orléanistes, Bonapartistes et Légitimistes), cette typologie connaît une ascension aujourd’hui sur ses 3 différents paliers. A l’image de la proposition des primaires de la gauche, la droite dite “classique” plutôt gaulliste a quant à elle réussi à se réunir derrière une unique figure. Il s’agit de Valérie Pécresse, très médiatisée ces derniers temps, qui en est ressortie vainqueure. Vient ensuite la droite “Bonapartiste”, nationaliste représentée par Marine Le Pen et Eric Zemmour, cet hésitant enfin devenu candidat ce 30 novembre 2021, et dont le premier meeting a rassemblé plus de 10 000 personnes tout en faisant parler de lui pour la violence et les tensions qui l’ont ponctué.
Reste enfin la droite “Orléaniste”, libérale incarnée par Emmanuel Macron, même si celui-ci se considère comme centriste “et de gauche et de droite”. Il n’a néanmoins toujours pas déclaré sa candidature. Il est en effet assez normal pour un président sortant de le faire assez tardivement, dans l’optique d'éviter les interférences entre sa campagne et son statut toujours actif de chef de l’Etat.
Qu’ils soient d’un bout à l’autre de l'échiquier politique, les candidats devront faire face à de nouveaux enjeux sanitaires sans oublier ceux liés au climat, tout en essayant de reconquérir la sensibilité civique des jeunes, puisque plus de la moitié des 18-30 ans ne comptent pas aller voter en 2022. Une dernière mise en garde contre ces sondages en tout genre qui, outre leur utilisation erronée comme argument d’autorité pour certains politiciens, possèdent une marge d’erreur conséquente. Cela s’est constaté lors du deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002 où le duel Chirac/Jospin tant attendu a finalement laissé place à une confrontation entre Jean-Marie le Pen et le président sortant, un scénario presque inenvisagé qui a gravé cette présidentielle dans l’Histoire.
Chanez TAHI, T2, rédactrice.