La guerre d 'Algérie
C’est un événement qui lie la France et l’Algérie d’une cicatrice douloureuse. Un événement mémorable et emblématique dont le nom résonne dans les esprits de chacun depuis le 1er novembre 1954. Ce jour, gravé dans le marbre marqua le début d’une guerre qui dura 8 ans : la guerre d’indépendance de l’Algérie surnommée ‘‘guerre sans nom’’. Mais quelles en sont les origines, comment se déroule-t-elle et permet-t-elle à l’Algérie d'accéder à son indépendance ?
Quelques mois plus tôt, en Indochine, les Français ont été défaits par le Vietminh : un parti nationaliste et communiste fondé par Hô Chi Minh en 1941 (celui-ci se présentait comme un front commun visant à lutter pour l'unité et l'indépendance du Viêt Nam, alors sous contrôle français). Quelques indépendantistes algériens y voient un encouragement à se lancer à leur tour dans la lutte armée contre la puissance coloniale.
Ils forment au printemps 1954 - ou plus précisément le 23 mars 1954 - un Comité révolutionnaire d'union et d'action (CRUA) composé de quatre membres : Mostefa Ben Boulaïd, Mohamed Boudiaf, Mohamed Dekhli et Ramdhane Bouchbouba (alias Ould Amri). Ils choisissent par la suite une date pour déclencher l’insurrection : le 1er novembre de la même année.
Une série d’attentats est alors organisée par le FLN (front de libération nationale créé à l’initiative du CRUA) sous la direction de Mohammed Ben Bella. Ces attaques prennent le nom de Toussaint rouge et s'accompagnent de la déclaration, dite du 1er Novembre, dans laquelle le FLN invite le peuple d’Algérie à s’associer à la lutte nationale.
Plus tard, après la bataille d’Alger (1957), Charles de Gaulle arrive au pouvoir (1958). De Gaulle au pouvoir, la majorité des Français lui fait confiance pour résoudre les problèmes en Algérie. Cependant, l’idée qu’il faudrait tôt ou tard accorder l’indépendance à l’Algérie gagne du terrain : 51% des Français pensent ainsi en février 1959.
La voie de la négociation l’emporte et Charles de Gaulle propose un référendum sur l’autodétermination : les Algériens doivent se prononcer sur l’avenir de l’Algérie. La question suivante est alors posée : « Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République, et concernant l’autodétermination des populations algériennes et l’organisation des pouvoirs publics en Algérie, avant l’autodétermination ? ». Le ‘‘oui’’ à l’autonomie et à l’indépendance l’emporte.
Cette perspective soulève une vague de mécontentement chez l’OAS (Organisation de l'armée secrète, composée de partisans de l’Algérie française) qui commettent à partir de 1962 plusieurs attentats dont celui du 21 janvier à El Biar, où une villa des services spéciaux a été détruite. L’OAS est démantelée dans les mois suivants, et l’exode des Français d’Algérie commence.
Après d’âpres négociations, le FLN et l’État français signent les accords d’Évian qui promettent la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie qui doit avoir lieu le 19 mars. L’Algérie proclame alors son indépendance 4 mois plus tard, le 5 juillet 1962.
Lydia Belhocine, rédactrice.

Quarante ans après les Accords d'Evian, la guerre d'Algérie ne cesse de hanter notre mémoire collective. Pour un film, Patrick Rotman et Bertrand Tavernier ont tourné, en 1990, des dizaines d'heures d'entretiens avec des appelés qui avaient traversé la Méditerranée entre 1954 et 1962. Ils ont recueilli les paroles trop longtemps oubliées qui disent la peur et l'héroïsme, les sévices et la torture, la mort et l'ennui. Des témoignages authentiques et bouleversants qui dessinent dans la douleur le puzzle de cette guerre sans nom.
