Les inégalités salariales hommes-femmes dans le monde du football.
La récente déclaration à la Maison-Blanche de Megan Rapinoe, joueuse de l’équipe nationale de football féminin des États-Unis, en mars 2021, fait parler d’elle. Elle déclare : “Il est tout simplement inacceptable que nous nous battions encore pour l’égalité salariale. Si cela nous arrive à nous, si cela m’arrive à moi, alors que nous sommes sous les projecteurs tout le temps, cela arrive bien entendu à toutes les femmes”.
En effet, pour chaque dollar gagné par un homme américain, une femme gagne 82 cents, a expliqué la présidente démocrate d’une commission parlementaire, Carolyn Maloney. Cet écart se creuse encore plus dans le football, où les femmes gagnent 4% du salaire des hommes en 2017.
Ces inégalités sont-elles justifiées dans le monde du football ?
Coupe du monde 2019, tournant médiatisé
En 2018 en Norvège, puis en 2020 au Brésil, l’égalité entre hommes et femmes en sélection nationale est un fait qui semble impossible. Il faut savoir qu’en 1944, en France par exemple, le foot féminin est interdit car il “nuit à la santé”. Progressivement, à partir de la fin des années 60, on crée les championnats destinés aux femmes, mais les matchs amicaux ne sont alors même pas diffusés et sont gratuits, ce qui peut paraître outrageant étant donné l’audience que la coupe du féminine de football de 2019 a engendré : 1,12 milliards de téléspectateurs au total, selon les sources de la FIFA, un record jamais vu.
C’est là que Megan Rapinoe, championne du monde en titre, demande une revalorisation de son salaire, son équipe reste moins payée que ses homologues masculins, qui eux sont plutôt mauvais (nous ne prenons pas en compte le classement FIFA qui est peu fiable pour les performances dans certains cas). Elle dénonce ce faisant un climat misogyne de la société vis-à-vis du foot féminin.
Noël Le Graët, président de la fédération française de football (FFF), interrogé sur les tensions entre la coach Corinne Diacre et la capitaine Amandine Henry, le dirigeant s’est prononcé : ‘Aucun match perdu. Voilà ce que je retiens. Donc elles peuvent se tirer les cheveux, ça m’est égal’.
Une réalité économique
Toutefois, il y a malheureusement une réalité qui échappe aux défenseurs de cette lutte égalitaire en France,que Daniel Riolo, journaliste de RMC pointe du doigt. En premier lieu, il ne faut pas confondre le football de club et le football national. En effet, la Ligue 1 possède un budget de 1,9 milliard d’euros contre 19 millions d’euros pour la Division 1 féminine et c’est ce budget qui est plus tard reversé aux joueurs. Ce n’est donc pas une fédération qui peut déterminer en partie le salaire des joueurs, mais dans ce cas-ci, plutôt l’audience et la masse salariale des joueurs. Seulement, la finale de la ligue des champions européenne masculine de 2021 a fait 2,4 millions de téléspectateurs, alors que la finale de la ligue des champions européenne féminine n’a même pas été diffusée en France.
En second lieu, est-ce que l’égalité salariale dans le football nationale est possible ? Car on ne peut pas payer de manière similaire un joueur qui rapporte 100 euros et une joueuse qui rapporte 10 euros. La finale de la coupe du monde 2018 France - Croatie a été vue sur 1,16 milliards de téléviseurs, celle (féminine) entre les USA et les Pays-bas sur 263,62 millions.
On voit bien que si certains pays arrivent à créer cette égalité dans le foot grâce à l'argent des fédérations, il n’est pas forcément légitime de payer plus une équipe qui rassemble moins de gens sur le téléviseur, car il y a malheureusement bien longtemps que le football n’est plus qu’un simple sport et qu’il n’échappe pas à la réalité de l’économie. Il s’agit alors d’un salaire proportionnel à la popularité et non à l’effort.
Rayan Moula, 1.3, rédacteur