14 Juillet : Symbole de la révolution.
Dans les rues de Paris, fin XVIIIème siècle, vous pouviez marcher et voir des gens tomber de fatigue, criant famine, au désespoir, au gouffre sans merci qu’est devenu la France… en tout cas une bonne partie de celle-ci.
À Versailles, quartier Saint-Louis, la vie est prospère, pleine de joie, on y vend de la fourrure, de l’huile, du poisson, du pain, de la viande, loin des souffrances qu’endure la périphérie de cette ville. Or cette périphérie, c’est tout le peuple de Paris.
Le sujet du roi lambda peut s’avancer vers les fenêtres du château de Versailles, il peut y voir la Cour de son très cher roi Louis XVI festoyer allègrement grâce à ses impôts et taxes.
Vous imaginez bien que ce cher patriote ne laissera pas cette vue d’injustice lui crever les yeux bien gentiment; une âme de changement naît chez le peuple, mieux encore : l'âme de la révolution !
Le Peuple contre La Monarchie :
L’état Français, déjà pris dans la crise économique et l’endettement à cause de l’aide accordée aux révolutionnaires américains pour leur indépendance, ainsi que la guerre de Sept Ans, perd son statut de Grande Puissance militaire et diplomatique en Europe.
Que peut-il bien arriver de pire ? Dut se demander le roi fraîchement sorti d’une longue guerre... Et quoi de mieux que la nature pour conclure cela ? En effet, l’état pitoyable des récoltes, causé par de fortes canicules, empire au fil des années 1780. Le prix du pain flambe, la vie devient rude, mais les salaires n’ont pas vraiment augmenté.
Le Peuple est furieux (comme toujours) ! Il tient pour seul et unique responsable le roi de France car il est le garant de la sécurité alimentaire de ses sujets.
Les philosophes des lumières, notamment Rousseau, Voltaire ou encore Montesquieu, à travers leurs écrits, poussent le peuple vers la révolte. On y revendique la souveraineté des habitants, de la tolérance religieuse, et la séparation des pouvoirs : le monarque et sa divine souveraineté sont révolus !
Bizarrement, devant toutes ces contestations, Louis XVI devient soudainement sourd. Or, son ministre principal Jacques Necker, vient retirer au roi sa surdité, qui décide de convoquer les Etats généraux le 5 mai 1789 pour discuter de la crise du trésor public français avec les députés qui sont répartis dans les 3 Ordres du Royaume de France:
- La Noblesse : représentante des princes, ducs, et membres de la Cour du Roi.
- Le Clergé : représentant de l’Eglise
- Le Tiers-État : représentant des bourgeois et de la classe urbaine ou rurale.
Les deux premiers constituent les privilégiés, qui ne payent pas d'impôts .
Le Tiers-Etat, qui paye déjà les impôts, représente 96% de la population.
Il est donc très logique, selon Louis XVI, que cette population ne représente... qu’un seul vote.
En effet le roi décide de procéder au vote par Ordre et non par député.
À la grande surprise, le Clergé et la Noblesse votent favorablement à l’augmentation des taxes du Tiers-Etat. Les députés et 96% de la population française en ressortent furieux.
Le 20 juin 1789, alors que le Roi fait tout pour empêcher une quelconque rétorque face au mécontentement du Tiers-Etat, il ferme la salle des débats... inutilement car les députés se réunissent illégalement dans la salle du jeu de Paume (sorte de Tennis) de Versailles pour y rédiger une constitution pour la nouvelle Assemblée Nationale : c’est le Serment du jeu de Paume.
Louis XVI alors bien évidemment contre, voit cette Assemblée soutenue par des personnes influentes comme le Marquis de Lafayette, et désireuse de vouloir régler les problèmes financiers de la France.
Maintenant, c’est au tour des Parisiens d’agir.
La prise de la Bastille : symbole de la révolte :
Ici à Paris, pour gagner sa croûte, les moyens sont divers : certains y sont cireurs de chaussures, bercés par les chants de musiciens violonistes aux côtés des vendeurs de poissons ramenés des côtes françaises, d’autres y sont charpentiers martelant tout autant que les coup de hache des bouchers; et les boulangers, mettent peu à peu clé sous porte. Les boulangeries de Paris ferment une à une : Paris a faim !
En Juillet 1789, Paris est au bord de la famine. Le 13 du mois, les magasins sont pris d’assaut, tout comme les barrières du mur qui sont le symbole de la claustration parisienne : 40 d’entre elles sont brûlées. Des émeutes éclatent alors et le Couvent Saint-Lazare est attaqué car il contient de grandes quantités de grains. Plusieurs bâtisses prennent feu et l'armée du roi est sollicitée. Pour se défendre, les émeutiers volent des fusils aux Invalides à l’aube du 14 juillet, mais à 10h du matin… problème : il manque la poudre à canon. Les voix hurlent : « La poudre, citoyens ! C’est à la Bastille ! »
La Bastille est en 1789, une forteresse qui sert de prison aux gens qui “nuisent à la Cour royale” des gens comme Voltaire ou Beaumarchais y ont séjourné. Mais avec le temps, celle-ci est devenue obsolète, au point que ce jour, il n’y avait que 7 prisonniers.
À 11h du matin, la prison royale est prise d’assaut par les émeutiers, on demande alors à parler au gouverneur du fort, Jourdan de Launay, en vain.
À 15h, les premiers coups de feu sont tirés et des balles atteignent les révolutionnaires, mais une seconde vague arrive à s’accaparer de la prison, certains des militaires de de Launay rejoignent les rangs des révolutionnaires.
À 17h, la Bastille devient une marée sanglante, les murs sont tachetés de rouge et de Launay est fait prisonnier et jugé à l'Hôtel de Ville. Un homme surgit dans la foule et tranche la gorge du gouverneur de la prison, sa tête est trimballée sur une fourche, exposée comme un trophée. Le maire de la ville subira le même sort. “C’est ainsi que l’on se venge des traîtres" crie-t-on.
Le 14 Juillet et ses conséquences, emblèmes des valeurs contemporaines :
Le marquis de Lafayette sera le représentant de cette révolte devant le Roi, qui est favorable au changement, acceptant ainsi la rédaction d’une constitution, mais se laissant cependant un pouvoir central.
De nouvelles révoltes éclatent, la diffusion de rumeurs fait peur au peuple parisien, arrivant aux oreilles des Versaillais, les députés comprennent les attentes du peuple, se rassemblent en clubs et décident du sort sociétal de la France.
Le 4 Août 1789, la France est sur le point de changer radicalement. Le club Breton (plus tard : club des Jacobins) qualifie l’avant-14 juillet d'Ancien Régime, une période qui est révolue. Le Duc de Noailles prend alors la parole, des mots remplis d’enthousiasme chuchotés cette nuit à Versailles détruisent l’ancien édifice social : les privilèges sont abolis !
Les sujets du roi ne sont plus, ils deviennent citoyens, la monarchie de droit divin est enterrée. Plus tard, un projet qui fait rêver les députés est abouti et sera promulgué par le marquis de Lafayette : c’est la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Tous les hommes naissent égaux et libres de leurs droits et de leurs pensées.
En avril 1790, la liberté de culte est proclamée et le 14 juillet de la même année, fleurit l’un des plus beaux jours de l’histoire de la France.
Ce jour-là de l’année 1790, plus de 100.000 citoyens se rassemblent au Champ-de-Mars, c'est la fête de la fédération. Tous les citoyens présents y bâtissent un hôtel comme symbole de la paix, mais aussi comme symbole de la révolution. On y célèbre la prise de la Bastille du 14 juillet précédent avec joie, une atmosphère transpirant la bonne humeur, on se donne à cœur joie, on s’embrasse, on célèbre l’harmonie du moment.
Ainsi naquit la fête Nationale de la France qu’on célèbre annuellement jusqu’à aujourd’hui.
Ironiquement, sur le cahier de chasse de Louis XVI, le 14 juillet 1789, il y avait écrit : Rien.
- MOULA Rayan, 1re3, rédacteur.