11 Novembre : le LIAD célèbre l'armistice.
Nous sommes le 11 Novembre 1918, il est 05:15, et les Alliés, représentés par le maréchal Foch (commandant suprême des forces alliées), l’Amiral Wemyss (représentant britannique) et le Général Weygand, chef d'État-major du Maréchal Foch (représentant français) ; signent l’armistice à Rethondes, dans un wagon français aménagé en bureau. Du côté allemand, c’est Mathias Erzberger, politicien et représentant du gouvernement, qui signe l’arrêt des combats. Cette date acte la fin de la guerre la plus meurtrière pour la France : la Première Guerre mondiale, aussi surnommée la Grande Guerre. Elle marque un tournant dans l’histoire de l’Europe et est encore commémorée en France chaque année.
Cette année, le dans le cadre d un cycle commémoratif de l'armistice et de la Grande Guerre en général, le LIAD et l'ONACVG (Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre) collaborent afin de porter une réflexion sur la place de l'Algérie dans la Première Guerre mondiale. Nous avons accueilli Jérôme Pedarros, directeur du service de l'ONACVG en Algérie (en présentiel) et Abderrahmane Moumen (en visio-conférence), historien chercheur et chargé de mission pour l’histoire et les mémoires de la guerre d’Algérie au sein de l’office. De ce fait, il participe à la définition du programme d’Histoire et de la place de la guerre d’Algérie dans celui-ci, ce qui rend notre rencontre d’autant plus édifiante. Nos intervenants ont travaillé successivement avec une classe de 3ème puis avec les terminales de Mme et M. Boillot.
Mais quel est le rôle de l’ONACVG ? M. Pedarros nous explique qu’il a pour aspiration d’honorer les “intérêts moraux et matériels des anciens combattants”. Autrement dit, il s’agit notamment du devoir de mémoire lié à ceux qui ont sacrifié leur vie pour la France. M. Moumen ajoute qu’en collaborant avec l’Education Nationale, l’Office permet de valoriser l’enseignement de l’Histoire et de montrer que c’est une science vivante où les connaissances s’actualisent régulièrement.
En sa qualité d’historien, il fait au début de sa conférence une introduction de la construction de la mémoire, en appuyant sur sa subjectivité et son fondement historique. Nous avons aussi pu en apprendre davantage sur la démarche de l’historien, les différentes sources mises à notre disposition et la manière de les croiser. Il lance ensuite les terminales en spécialité HGGSP dans un atelier visant à étudier plusieurs documents reliés à la place de l’Algérie dans le conflit. Afin de les aiguiller dans leur démarche, il leur présente d’abord plusieurs éléments de contexte et de précision sur l’implication des soldats algériens dans la première guerre mondiale, qu’il avait approfondis avec les 3ème.
D’abord, il rappelle que dès le XIXème siècle, à partir de 1830 (date du début de la colonisation de l’Algérie), des dizaines de milliers d’Algériens s’engagent dans l’armée française. Ainsi, cette guerre n’est pas la première dans laquelle les Algériens s’impliquent : antérieurement, ils participent à la guerre de Crimée, la campagne d’Italie ou encore à la conquête coloniale de l’Afrique de l’Ouest. Bien qu’ils ne soient pas les seuls soldats coloniaux, les Algériens se distinguent d’abord par leur nombre (180 000 soldats pendant la Première Guerre) mais aussi par leur statut. En effet, contrairement aux Marocains, aux Tunisiens, aux Sénégalais ou encore aux Indochinois, ils sont de nationalité française, mais ne bénéficient pas de la citoyenneté. Autrement dit, ils ne possèdent pas le droit de vote et encore moins d’éligibilité : ils n’ont aucun droit politique. Ces éléments de précisions sont nécessaires pour comprendre l’histoire liant la France et l’Algérie puisqu’ils sont annonciateurs de l’évolution des relations entre les deux nations et particulièrement de la guerre d’Algérie. Forts de ces précisions, les élèves ont pu travailler autour de plusieurs documents :
Un extrait de la bande dessinée Turcos : Le Jasmin et la Boue de Tarek, Kamel Mouellef et Batist Payen, relatant l’histoire de combattants algériens pendant la guerre.
- Un texte de Rachida Brakni présentant l’Emir Khaled, combattant héroïque de la Grande Guerre.
- Un extrait du rapport de l’Inspecteur général de Communes Mixtes concernant les troubles insurrectionnels de l’arrondissement de Batna en 1916.
- Le décret de l’attribution de la médaille militaire au 2e Régiment de tirailleurs de marche algérien.
- Des photographies de soldats algériens durant la guerre.
S’en est suivie une courte présentation par les élèves de chacun de ces documents révélateurs de l'expérience des Algériens dans la Grande Guerre enrichie des propos complémentaires de monsieur Moumen.
Les terminales 5 ont ensuite présenté leurs travaux faits à partir des archives françaises de la Grande Guerre. Chaque groupe a retracé l’histoire d’un combattant à l’aide de la banque de données du site Mémoire des hommes, un site régi par le ministère des armées qui regroupe, notamment, les noms des soldats morts pour la France durant la Première Guerre mondiale, leur fiche annotée avec leurs informations et les journaux de régiments. Petits historiens en herbe le temps du projet, les élèves se sont efforcés de raconter l’histoire d’un combattant algérien mort pour la France (au choix), à travers les journaux de son régiment. Du choix du soldat à l’étude du contexte, en passant par le recoupement des différents journaux de guerre manuscrits, ils ont tenté d’appliquer la démarche de restitution historique décrite par M. Moumen. Certains des comptes rendus des terminales ont été affichés au CDI et ont été consultés par les intervenants et les élèves.

A travers les différents ateliers et conférences, le LIAD et l'ONACVG ont participé à la commémoration de l'Armistice et des acteurs de la Grande Guerre, en y soulignant la place de l’Algérie. Cette expérience fut d’autant plus intéressante qu’elle nous a renseigné sur un sujet méconnu pourtant si important pour comprendre l’Histoire algérienne. La collaboration de nos professeurs avec l’ONACVG nous a permis d’appréhender l’Histoire d’une manière inédite en nous plongeant au plus près des archives. et de mettre en lumière une matière évolutive et cruciale dans la construction mémorielle de chacun d’entre nous.
Nous remercions nos professeurs ainsi que messieurs Pedarros et Moumen de nous avoir permis de participer à la commémoration de cette date si importante et espérons que d’autres élèves auront l’occasion d’expérimenter cette façon d’appréhender l’Histoire. Chaque 11 novembre, nous pensons à toutes les victimes de la Grande Guerre et honorons leur mémoire.
- La rédaction.